La filière culturelle s'affole
En effet, une réforme générale des politiques publiques en France va bouleverser le petit monde des fonctionnaires de la filière culturelle - dont les archivistes, les muséologues, etc.
Le but de la réforme (qu'on appelera plus communément RGPP) : suite à l'audit piloté par l'inspecteur général des finances (François Auvigne), plusieurs orientations ont été données afin de "rationnaliser les dépenses" et d'"améliorer la qualité des politiques publics".
Soyons honnêtes, la RGPP a pour but aussi de réduire le nombre d'emploi dans la fonction publique : en 2005, il y avait 5,144 millions de fonctionnaires, soit 22% des emplois en France, ça fait beaucoup de salaires à financer... (si vous voulez en savoir plus sur ces chiffres, je ne saurais trop vous conseiller de lire ce document .pdf : Mais qui sont les fonctionnaires ?)
Comment veut-on s'y prendre ?
"Réduction des directions centrales. Le nombre de directions centrales passera de "dix à quatre ou cinq" pour supprimer les "doublons" et recentrer le ministère sur ses fonctions essentielles. Une direction regroupant les industries culturelles et les nouvelles technologies sera créée. Mme Albanel plaide pour que la direction du développement des médias, actuellement rattachée aux services du premier ministre, rejoigne cette direction.
Le bloc "patrimoine" pourrait s'articuler autour de deux directions, l'une englobant le livre et les archives, l'autre les musées et l'architecture par fusion de la direction des musées de France et de la direction de l'architecture et du patrimoine - à moins que l'architecture ne soit rattachée à la création, ce qui est en débat. La délégation aux arts plastiques et la direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles fusionneraient pour donner naissance à une direction de la création."
Le monde.fr : http://www.lemonde.fr/culture/article/2007/12/20/la-reforme-du-ministere-de-la-culture-provoque-de-fortes-inquietudes_991906_3246.html
Donc en gros, pour ce qui nous concerne, la DLL (Direction du Livre et de la Lecture) et la DAF (Direction des Archives de France) ne feront plus qu'une. Eh beh, c'est peut-être la fiche du CIDJ qui avait raison : un archiviste avec l'expérience pourra devenir bibliothécaire... :x lol.
Non sérieusement, pourquoi pas ? Après tout, les bibliothèques et les centres d'archives travaillent dans le même sens : mettre à disposition de tout citoyen des documents susceptibles de l'intéresser, que ce soit pour des recherches historiques et/ou scientifiques, pour son plaisir, pour s'en servir de preuves,... Alors, pourquoi pas ?
Après effectivement, lors des prochains recrutements, il ne faudra pas mélanger tout : un bibliothécaire reste un bibliothécaire et un archiviste reste un archiviste... Mais bon, il existe déjà de gros problèmes quant au recrutement : parfois, on nomme quelqu'un qui n'a pas les compétences dans les centres d'archives. Alors on peut déjà faire des économies là-dedans : embaucher des archivistes CAPABLES, COMPETENTS, et pas des bras cassés comme on voit souvent : parce que les conseils généraux et mairies doivent embaucher un quota de personnes en reconversion... Et souvent ces personnes en reconversion, on les met où ?... Je vous le donne en mille... Beh on les trouve souvent dans les archives... Le conservateur du patrimoine ne doit pas avoir d'autres choix que d'accepter...
Enfin bref, la RGPP a secoué le monde des archivistes... L'Association des Archivistes Français a réagi, ainsi que tous les syndicats, contre cette "révision générale des politiques publiques ne prenant pas en
compte les spécificités que présentent les archives" et pour le maintien de la Direction des Archives de France comme entité à part entière, pour le maintien de l'organisation actuelle des archives et pour le renforcement du personnel. De plus, les syndicats prétendent que "la constitution des fonds, leur conservation et leur accès sont aujourd'hui mis en cause", tout ça parce qu'il n'y aurait plus de grande autorité, représentée a priori aujourd'hui par la DAF...
Je pense pour ma part que même s'il y a une direction "Patrimoine écrit" qui regrouperait la DLL et la DAF, la grande autorité "Archives" n'est pas forcément en danger. Elle embauchera juste moins de gens et se situera un échelon en dessous... Ce n'est pas parce qu'un organigramme est mis en danger que les fonctions sont supprimées...
Il faut aller de l'avant et profiter de ces réformes pour tirer la couverture vers nous... Quelqu'un sur archives-fr a parlé de "Conservatisme des conservateurs", je n'irais pas jusque là mais beaucoup d'archivistes de la fonction publique sont quand même un peu immobilisés par le confort que leur confère leur statut... D'un côté, tout est déjà bien : on est conservateur dans la fonction publique, on ne perdra pas notre boulot, qu'on travaille bien ou pas... De l'autre côté, quand on leur parle, ils ont toujours quelque chose à dire car ils sont mécontents de ci, de ça mais seulement ils ont dû mal à s'imposer auprès de l'autorité hiérarchique parce que les archives sont mal considérées, que cette autorité s'en fout.... Du coup, on évite d'être trop casse-pieds au risque de ne plus avoir droit à rien du tout... Pas évident.
Mais n'est-il pas possible de profiter de cette réforme pour faire parler de nous positivement et non, en râlant comme on sait très bien le faire en France ? Et au lieu de tout refuser comme ça, n'y-a-t-il pas possibilité de trouver et de proposer des solutions qui conviendraient à tous et donc d'adapter la réforme à nos besoins ?
Enfin, je n'ai pas assez d'expérience pour pouvoir dire quoique ce soit de plus sur ce sujet... Et je ne connais sûrement pas tous les tenants et les aboutissants de ce genre de projet. Mais pour lire ce qu'il se passe sur Archives-fr, je ne suis pas forcément contre l'avis de celui qui est considéré comme étant le "méchant" !